
Compensation, adaptions et décompensation
Sur le chemin de l'évolution corporelle
Vous avez sûrement déjà entendu un thérapeute un jour ou l'autre dire : "tu compenses ou tu t'adaptes pour telle partie du corps". Vous en avez peut-être même déjà fait mention vous-même, en parlant par exemple d'une compensation pour une douleur de genou qui fait en sorte d'utiliser davantage la jambe opposée pour éviter de mettre trop de poids dans le genou qui est douloureux.
Compensation, adaptation et décompensation sont des stades d'évolution qui ont leurs particularités et qui doivent être traités avec attention. Dans cet article, nous allons explorer chacun de ces stades et voir les solutions possibles pour mieux accompagner le corps dans ces transformations.
Tout d'abord, un peu de théorie
La compensation, un mécanisme naturel
La compensation est une réponse quotidienne et spontanée de notre corps. Par exemple, si vous tentez de saisir un objet sur une étagère un peu trop haute, vous compensez naturellement en vous mettant sur la pointe des pieds ou en vous appuyant de la main opposée pour gagner en équilibre. Ce petit ajustement est une forme de compensation qui aide votre corps à s’adapter aux situations ponctuelles, sans créer de tension excessive.
L'adaptation, à mi-chemin d'un point de non-retour
L’adaptation va au-delà de la simple compensation. Elle est souvent le résultat d'une habitude corporelle qui s’installe. Prenons l'exemple d’une personne qui travaille assis devant un écran pendant des heures. Au tout début, elle compensera avec des petits ajustements pour se rendre plus confortable. Avec le temps, si la posture n’est pas optimale, le corps commencera à s'adapter en créant des tensions musculaires spécifiques pour supporter cette position prolongée. À ce stade, la contrainte devient presque naturelle, mais le corps s’éloigne peu à peu de son équilibre initial.
Lorsque l'adaptation se prolonge sans correction, elle peut amener le corps à un point de bascule où le retour à l’état d'origine devient plus difficile et nécessite une intervention ciblée.
La décompensation, quand tout va mal
La décompensation survient lorsque le corps atteint un point où il ne parvient plus à s’adapter. Les mécanismes de compensation et d'adaptation sont épuisés, laissant place à des douleurs chroniques, des inflammations, et même des limitations fonctionnelles. C'est un peu comme un château de cartes qui s’effondre : tous les efforts précédemment mis en place par le corps pour « tenir bon » cèdent sous la pression. À ce stade, il devient essentiel d’intervenir pour soulager et rétablir les fonctions du corps, souvent avec des techniques plus intensives et un suivi personnalisé.
L'histoire de Julie
Julie travaille dans le service de paie d'une entreprise. Toutes les deux semaines, elle fait face à des échéanciers serrés pour s'assurer que les salaires des employés soient versés à temps. Heureusement, elle partage cette charge de travail avec Isabelle, sa collègue, ce qui lui permet de mieux gérer le stress lié à cette tâche cruciale.
Compensation
La semaine de la paie arrive, mais Isabelle, la collègue de Julie, ne semble pas dans son assiette. Elle doit quitter plus tôt à plusieurs reprises et finit même par prendre un jour de congé, le jour crucial de l’émission des paies.
Julie ne s'inquiète pas outre mesure. Après tout, pendant 10 ans, elle a assuré seule ce service avant que l’entreprise ne s’agrandisse et qu’Isabelle vienne l’épauler. Ce jour-là, Julie compense en restant trois heures de plus au bureau pour s’assurer que tout soit en ordre et que les paies soient émises à temps.
Adaptation
La semaine suivante, Isabelle revient au travail, mais elle semble toujours aussi épuisée. Inquiète, Julie lui demande comment elle va. Isabelle lui confie alors que son conjoint l’a quittée récemment, ce qui la plonge dans un état de grande détresse émotionnelle.
Consciente que la situation d’Isabelle ne s’améliorera pas rapidement, Julie commence à modifier son propre horaire. Elle décide de travailler un peu plus tard chaque jour pour éviter d’être submergée et de devoir encore rester tard le jour de l’échéance des paies.
Décompensation
Les semaines passent, et la situation s’aggrave pour Isabelle. Deux mois se sont écoulés depuis sa séparation. Non seulement elle doit gérer sa douleur émotionnelle, mais elle est aussi seule à s’occuper de ses enfants, de leur éducation et de tous les déplacements vers leurs activités. Son ex-conjoint, peu coopératif, refuse de l’aider. Isabelle quitte donc fréquemment le travail plus tôt, laissant Julie assumer une part croissante de la charge de travail.
De son côté, Julie commence à ressentir les effets de cette surcharge. Les mécanismes de compensation et d’adaptation qu’elle avait mis en place ne suffisent plus, elle se met donc a décompenser en accumulant fatigue et stress, jusqu’à ce que cela commence à affecter son énergie et son bien-être au quotidien
Ce récit illustre bien comment les mécanismes de compensation et d’adaptation, lorsqu’ils sont prolongés sans ajustement, peuvent conduire à une situation de décompensation, tant physique qu’émotionnelle. Pour éviter cela, il est essentiel de reconnaître les signes de surcharge et de demander de l’aide avant d’atteindre le point de rupture.
L'histoire de Julie, version posturale
Julie est employée de bureau dans le service de paie, avec des échéanciers serrés toutes les deux semaines pour le versement des salaires des employés. Cela lui génère un niveau de stress élevé, particulièrement autour des jours d’échéance. Observons comment ses compensations et ses adaptations se manifestent, et comment elles peuvent finalement aboutir à une décompensation.
Compensation
Au début, Julie ressent de légers maux de cou et d'épaule en fin de journée plus particulièrement sur le coté de la main qui tient la souris. Elle compense en s'étirant régulièrement le cou et les épaules, en se tenant plus droite, ou en ajustant son fauteuil. Ces petits ajustements lui permettent de soulager ses tensions et de continuer son travail sans trop de gêne.
Adaptation
Après plusieurs mois, les douleurs de Julie commencent à s’installer plus rapidement dans la journée, malgré ses étirements quotidiens. Pour éviter d’aggraver ses douleurs, elle adopte une nouvelle posture en s'appuyant plus sur la hanche opposé à la main de la souris. Elle sent qu'elle crée ainsi une pression dans le bas du dos et que ceci n'est probablement pas la "meilleur posture à avoir", mais cette façon de faire la soulage
À ce stade, son corps s'adapte en créant des compensations secondaires, mais elle est moins mobile et plus facilement sujet aux douleurs.
Décompensation
Finalement, le corps de Julie atteint un stade où les douleurs sont constantes et se propagent du bas du dos vers le cou et les épaules. Elle ressent même des maux de tête fréquents liés à cette tension accumulée. Les mécanismes de compensation et d'adaptation sont dépassés, et elle entre dans une phase de décompensation au point où elle barre du dos une journée du weekend en se penchant bêtement pour ramasser une feuille de papier au sol.
Pour retrouver son bien-être, Julie doit désormais envisager des soins adaptés et réguliers, comme des séances d’ostéopathie, afin de rétablir son équilibre et prévenir l’aggravation de ses douleurs.
Peut importe les raisons de votre compensation ou adaptation, c'est en prenant conscience de ces étapes et en agissant tôt qu'il est possible de prévenir la décompensation afin de maintenir son corps en équilibre, même face aux contraintes du quotidien.
